Leuze-en-Hainaut (7900)

Gentilé : Leuzois-Leuzoise

Gallo-romaine, Leuze s’appelait à l’origine LUTOSA, qui signifie « villa boueuse », Située dans une vallée marécageuse elle est arrosée par la Dendre occidentale et ses affluents.

Leuze a pris naissance autour d’un monastère dédié aux saints Pierre et Paul vers le milieu du VII° siècle, à l’époque de Saint-Amand . C’était un fisc royal que l’Empereur Charlemagne donna, en 802 à Ludger, premier évêque de Munster. Il en est fait mention dans l’acte de partage du royaume de Lotharingie, en 870, entre Charles le Chauve, roi de France, et Louis, roi de Germanie; cette ville échut à Charles . Leuze était située dans la forêt charbonnière et faisait partie de l’ancien Burbant.

Par suite de difficultés matérielles, l’abbaye bénédictine se transforme en chapitre de chanoines, dont l’existence est attestée pour la première fois en 1024. Cette communauté religieuse sera supprimée à l’époque française en vertu de la loi du 5 frimaire an IV (25 novembre 1797).

Au IX° siècle, les ravages des Normands ont prouvé la faiblesse du pouvoir royal, incapable de défendre le pays contre l’envahisseur nordique. Aussi chaque seigneur local, à l’origine simple fonctionnaire au service du roi, s’approprie-t-il l’autorité publique.

Vers l’an 1000, Guéric le Sor, seigneur d’Avesnes, se taille un domaine entre l’Escaut et la Dendre avec Leuze comme capitale et transmit cette seigneurie à ses descendants, jusqu’à ce que, par les femmes, elle passât aux Chastillon.

En 1071, la Comtesse de Hainaut, Richilde, inféode à l’Evêque de Liège, Condé, Antoing et la prévôté de Leuze. A cette époque, Leuze est une bourgade rurale dominée par la demeure seigneuriale et les bâtiments du chapitre.

Jacques de Chastillon, fils de Guy, comte de Saint-Pol, était seigneur de Leuze en 1295. Jeanne de Chastillon, héritière de Leuze et de Condé, les porta à son mari, Jacques de Bourbon, connétable de France. Louis de Bourbon vendit Leuze, Condé et d’autres terres à Marie de Montmorency.

Le dimanche 25 mai 1477, le château et les fortifications de Leuze sont détruits par les troupes de Louis XI qui veut s’approprier les Etats de Marie de Bourgogne à la mort de Charles le Téméraire. Le château sera reconstruit ainsi que la ville également sinistrée.

Les paysans qui cultivent les terres du seigneur ou de la communauté religieuse, profitent tout naturellement des prairies marécageuses pour élever des moutons et travailler la laine. Le lavage s’effectue dans des étangs ou viviers creusés près des ruisseaux et les femmes tricotent des bonnets avec des aiguilles en bois ou en os.

C’est au début du XIII° siècle qu’apparaît l’industrie drapière qui atteint une telle prospérité que des artisans d’Enghien viennent s’inspirer des méthodes leuzoises. En 1532, Charles Quint accorde à la ville une franche foire annuelle. Elle était la première de l’année : le lundi après la Chandeleur et les 2 jours suivants

Dans la seconde moitié du XVI° siècle, les guerres de Religion entre Catholiques et Calvinistes compromettent l’essor de la ville qui sera pillée et partiellement incendiée en 1558 et 1581.

Des incendies successifs et la tempête qui s’abat sur la cité en 1606, créent une véritable panique parmi les habitants qui désertent en masse (1/3 de la population).

Durant la deuxième partie du XVII° siècle, l’époque des guerres de Louis XIV, le Roi Soleil veut absorber les Pays-Bas espagnols pour atteindre le Rhin. Toute la France serait ainsi à l’abri de frontières défendables.

Le 19 septembre 1691, septante escadrons alliés, sous les ordres du prince de Waldeck, se font battre par vingt-huit escadrons français que commandait Monsieur de Luxembourg, duc et maréchal de France. C’est « Le combat de Leuze » ou « Bataille du Mont d’Or ». Une tradition locale veut que Louis XIV en personne ait assisté au combat, mais des documents prouvent que le roi se trouvait alors à Fontainebleau. A la veille de l’action, les alliés (cavalerie anglaise, hollandaise et allemande) campaient devant Blicquy et Chapelle-à-Oie. Ils appuyaient leur gauche à un ruisseau et en avaient un autre derrière eux. Les bords de ces ruisseaux étaient de vrais marécages. Le 19, Waldeck ordonna d’abandonner les lieux. C’est au moment où, vers onze heures, une partie de la cavalerie alliée avait déjà franchi les ponts qui enjambaient les ruisseaux que parurent les premiers Français bientôt suivis du gros de leurs forces. Celles-ci, parties des environs de Tournai, chevauchaient depuis l’aube. Waldeck rappela immédiatement ses escadrons déjà en route. A peine, ces derniers avaient-ils repassé les ponts que les Français attaquèrent.. La cavalerie alliée, dont l’élite était en majeure partie allemande, s’était formée sur six lignes. Malgré divers obstacles : une ravine, des fourrés, des fossés, et un sol marécageux, les charges françaises enfoncèrent successivement les cinq premières lignes. Voyant la partie perdue, la sixième ligne se retira précipitamment vers les défilés de la Catoire et du hameau d’Andricourt entraînant avec elle tout le reste de la cavalerie. A la fin de la journée, le célèbre Marlborough, qui était à la tête d’un contingent d’infanterie anglaise, accourut pour soutenir la cavalerie alliée, mais la débandade où se trouvait celle-ci lui ôta toute occasion d’agir. Les Français eurent 400 tués ou blessés, les Alliés 1.400 morts, 1.500 blessés et 400 prisonniers. Au cours des deux heures que dura le combat, 35 étendards et deux paires de timbales furent pris aux Alliés.

Vers 1700 apparaissent les premières machines à tricoter qui se manoeuvrent avec peine et qui exigent une main-d’oeuvre essentiellement masculine Ces ouvriers, les « Balotils » (fabricants de bas à l’outil) tricotent des bas à domicile. Par la suite, s’ouvrent de petits ateliers de 3 ou 4 ouvriers qui possèdent ensemble une centaine de métiers et qui fabriquent environ 50.000 paires de bas par an sans que pour cela le tricot à domicile ne disparaisse. Le développement de l’industrie amena les autorités autrichiennes à construire une route reliant Leuze à Tournai, en 1744 et un embranchement reliant cette route à Péruwelz. Au milieu du XVIII° siècle, deux tiers des habitants s’adonnent à la confection des bas. A cette époque, sont également en activité une fabrique de draps, deux tanneries, un moulin à huile et une fabrique de poterie. L’annexion de la France, en fin du XVIII° siècle, et surtout la période impériale de Napoléon Ier, amena une prospérité pour la ville : la bonneterie voit sa production doubler.

Le 2 juillet 1741, un incendie consuma, dans l’espace de trois heures, la Collégiale et plus de 300 maisons. Les chanoines vont reconstruire leur église de 1742 à 1745, quant à la ville elle ne fut complètement rebâtie qu’en 1755.

1815 : chute de Napoléon et rattachement à la Hollande. C’est en 1817 que Guillaume, roi des Pays-Bas, éleva Leuze au rang de ville.

Au XIX° siècle, Leuze connaît d’autres activités industrielles. En 1830, il y a des ateliers de fabrication de tissus, dix moulins à farine, huit brasseries, deux distilleries, deux fabriques de tuiles et de carreaux, sept raffineries de sel, une fabrique de noir animal et une tannerie.

En 1896, la bonneterie occupe environ 250 personnes sans compter les filatures, les teintureries (375 personnes) et les ateliers de confection (+/- 200 personnes). Après la première guerre mondiale, 69 bonnetiers emploient plus de 2.000 personnes. En 1937, malgré la crise, elle donne encore du travail à plus de 1.500 personnes. En 1972, la bonneterie employait encore plus de 1.000 personnes et la teinturerie plus de 400 personnes. Malheureusement, il ne subsiste plus de bonneteries à Leuze et la seule teinturerie a fermé ses portes suite à un incendie.

C'est à la fusion des communes, en janvier 1977 que Leuze prend l'appellation de Leuze-en-Hainaut.